Publié dans BASTAMAG
Bastamag è un giornale on-line francese edito dal 2008 dall’associazione Alter-médias. Rivista militante per natura e per vocazione, si occupa di diritti umani, ambiente, politica, economia, con grandi inchieste, reportage e contenuti multimediali. Molti dei suoi contenuti sono tradotti anche in inglese, spagnolo e italiano.
In quest’articolo, Olivier Favier segue Mathieu, educatore sociale, durante la sua giornata lavorativa a Parigi, insieme ai minori stranieri non accompagnati, raccontando le difficoltà, le miserie, la tenacia di chi si occupa di migranti nella capitale francese.
DI OLIVIER FAVIER
Éducateur spécialisé, Mathieu M. [1] est depuis plusieurs années en charge des mineurs isolés étrangers dans un département à proximité de Paris. Seul, il doit s’occuper de 140 enfants et adolescents de 8 à 18 ans, venus pour l’essentiel d’Afrique de l’Ouest, du Pakistan et de l’Afghanistan. C’est à lui qu’il revient d’évaluer chaque mineur, pour décider leur entrée ou non au sein du dispositif de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Il doit veiller ensuite à ce qu’hébergement et repas soient assurés aux jeunes pris en charge. Il doit enfin prévoir leur suivi éducatif, administratif et sanitaire. Pour y parvenir, pour quelques semaines encore, il est secondé par une stagiaire énergique et passionnée.
Fragments de vies dissimulées
Depuis quelques semaines, Mathieu livre sur un réseau social quelques fragments de ses échanges avec les jeunes qu’il a en charge : chacun d’entre eux semble faire partie d’un chœur d’errances, d’angoisses et d’espoirs, de rires aussi, quelquefois. On devine surtout, derrière la froide rigueur du professionnel, que les souffrances passées des adolescents et leurs incertitudes présentes trouvent un écho dans la rude nécessité d’assurer l’essentiel, et le regret de ne pouvoir accorder toute l’attention requise à ces enfants déracinés. Ces derniers ont souvent rejoint seuls un monde dont ils ne connaissaient pas les règles, dont la langue leur est parfois totalement inconnue. Pour espérer s’y faire une place, ils ne pourront compter sur aucun soutien individuel quotidien. Cette limite, l’éducateur la résume en une phrase : « Je ne vends pas du rêve. »
Quand je lui fais part de mon désir de le rencontrer, Mathieu choisi de prendre une journée de congé : « Je serai plus libre pour t’accompagner, parce qu’un jour ordinaire, j’ai aussi beaucoup de travail au bureau, ce n’est pas le plus intéressant. » Il est venu m’attendre à la gare, en ce matin d’octobre. Ensemble, nous sommes allés assister à la rentrée d’une classe de primo-arrivants.